mercredi 29 septembre 2010

Les Parisiennes, interdites de pantalon ?

J’ai apporté mon soutien, au dernier Conseil de Paris, aux vœux déposés par le groupe Les Verts et par le groupe Communiste et des élus du parti de Gauche réclamant l’abrogation pure et simple d’une ordonnance du Préfet de Police. Cette ordonnance du Préfet de Police de Paris du 26 brumaire an IX (17 novembre 1799) impose aux femmes qui désirent porter un pantalon de se présenter à la préfecture de police pour y être autorisées, au vu d'un certificat médical.

Cette ordonnance désuète reste juridiquement en vigueur bien qu’en totale opposition avec le principe d’égalité entre les femmes et les hommes inscrit dans le préambule de la constitution de 1946.

Faut-il également rappeler qu’aujourd’hui porter un pantalon dans certains pays est un acte de transgression passible d’exactions. La journaliste soudanaise Loubna Ahmed al-Hussein a ainsi été menacée de flagellation pour avoir porté un pantalon.

Comme le souligne Christine Bard, dans la volonté de différencier les sexes par le vêtement, il y a aussi une volonté d’introduire une hiérarchie. Historiquement, le sexe dominant s’est octroyé des vêtements plus faciles à porter comme le pantalon.

Faut-il également rappeler que jusque dans les années 1980, les parlementaires n’étaient pas admises dans l’hémicycle en pantalon ?

J’en profite pour souligner cet interdit qui pèse sur bon nombre de jeunes filles dans certains quartiers et collèges et qui ont du, elles, abandonner la jupe pour éviter l’anathème de « fille facile ».

Il est en effet temps d’abroger cette vieille ordonnance mais surtout nous devons généraliser les actions d’éducation au respect mutuel entre les sexes, les violences sexistes et les clichés sclérosants empêchant les filles et les garçons de faire leur propre choix et de bloquer tout réel progrès dans la répartition des rôles sociaux. L’éducation à l’égalité et à la sexualité est un défi sociétal majeur qui devrait mobiliser plus fortement les acteurs concernés et en tout premier lieu ceux de l’Education Nationale.

C’est pourquoi en ce qui concerne l’espace parisien, la volonté du Maire de Paris et notre démarche ont été de démultiplier les lieux d’accueil et d’accompagnement de jeunes et de renforcer les actions éducatives pour déconstruire les stéréotypes à l’œuvre et promouvoir des rapports non sexistes.

Ce sont près de 60 000 jeunes qui depuis 2008, ont bénéficié de ces actions. Nous allons amplifier ce mouvement et initier une démarche partenariale à l’occasion des Etats Généraux que j’organise les 19 & 20 Novembre prochain et qui permettront, je l’espère de sortir du saupoudrage actuel aussi inefficace que coûteux et d’engager une mobilisation forte autour de cette nécessaire éducation.

Photo : leafar/Flickr