mercredi 2 juin 2010

L'IVG : un acquis à préserver

A Paris ce sont 23 centres de planification (bientôt 24) qui accueillent, écoutent, orientent et proposent des consultations aux femmes ayant des questions liées à leurs sexualités.

Au quotidien, je m’engage en faveur d’une dynamique territorialisée en matière de sexualité, de contraception et d’avortement. Je suis convaincue qu’une meilleure couverture contraceptive, une contraception plus simple, un accès normalisé à l'IVG ainsi qu'une sensibilisation de tous à l’ensemble de ces questions sont nécessaires pour garantir à chaque parisienne une libre disposition de son corps.

Aujourd’hui ce droit est reconnu mais n’est pas pleinement exercé par toutes.

Je tiens à souligner un paradoxe : il y a en France une très forte utilisation de la contraception et malgré cela un maintien du nombre d’IVG à 200 000 par an depuis les années 1990. Au total ce sont près de 40% des femmes qui auront recours à une IVG au cours de leur vie. L’IVG est donc une pratique pleinement intégrée dans la vie sexuelle des femmes qui à différents moments de leur vie utilisent une contraception, font des enfants… et/ou avortent.

Des avancées juridiques certaines, mais qui ne permettent pas l’économie d’une vigilance de tous les jours.

Depuis la loi Veil qui légalise l’avortement en 1975, des améliorations législatives notables ont été mises en place : remboursement par la sécurité sociale (loi Roudy), allongement du délai légal à 14 semaines ( loi Aubry) etc.
Si le combat est en bonne voie in jure, il reste du chemin à faire de facto car l’on assiste à la mise en place de stratégies et tentatives sournoises de remise en question de cette libération de la femme.
L’IVG est une pratique marginalisée au sein d’un système de santé qui promeut la rentabilité. Les IVG sont en grande partie assurées par des médecins issus de générations qui ont côtoyé les luttes des années 70 et le problème de la relève est aujourd’hui réel. La disposition permettant aux médecins réfractaires d’invoquer la clause de conscience est elle aussi pénalisante.

A cela s’ajoute les fermetures des centres d’IVG. Avec le soutien de Bertrand Delanoë, je m’efforce au quotidien à veiller à ce que toutes les parisiennes aient accès à un centre d’IVG à proximité de chez elles comme en témoigne le dernier
communiqué de presse rédigé conjointement avec Anne Hidalgo interpellant Roselyne Bachelot, Ministre de la Santé et des Sports.

J'apelle les parisiennes et les parisiens, citoyens acteurs, militant-es féministes et acteurs politiques à redoubler de vigilance car on assiste aujourd'hui à une intensification des tentatives insidieuses de fragilisation du droit à l’avortement à l’instar de
l’amendement Garraud en 2003 ou de l'arrêt de la Cour de Cassation de février 2008 à propos de trois enfants mort-nés, qui entendent donner au fœtus le statut d’être humain et faire de l’IVG un délit. Plus récemment, la réforme hospitalière entrainant une fermeture des centres est une nouvelle atteinte à ce droit.

Promouvoir l'IVG médicamenteuse sans en faire une panacée pour permettre aux femmes de choisir la méthode et les lieux de la pratique.

La politique que je mène avec Bertrand Delanoë entend développer la pratique de l’IVG médicamenteuse au sein des centres de planification afin de permettre aux parisiennes de choisir la solution qui leur convient.
Depuis la rentrée 2009, les trois centres départementaux ainsi que les deux centres gérés par le MFPF et la MGEN (tous deux subventionnés par la mairie de Paris) proposent l’IVG médicamenteuse aux parisiennes qui le désirent. Car si l’IVG médicamenteuse représente 43% des IVG en France, les villes sont à la traîne avec seulement 9%.
Notre objectif n'est pas de substituer l'IVG médicamenteuse à l'offre qui doit être maintenue auprès des médecins de ville ou dans les hôpitaux mais bien de faciliter l'accès à cette méthode pour certaines parisiennes, qui faute de ne pouvoir avancer les frais nécessaires ou d'avoir eu un rendez-vous rapidemment voient cette possibilité exclue.Les deux méthodes sont complémentaires et une femme doit pouvoir choisir celle qui lui convient le mieux, ce qui est peu souvent le cas. Je ne peux que le déplorer.

Photo : Campagne " Sexualité, Contracpetion, Avortement" à l'initiative du Planning Familial et de la région Ile-de-France en 2008