vendredi 4 juin 2010

Contraception : a-t-on le choix ?


Le Planning Familial a lancé la semaine dernière une campagne réclamant le remboursement de tous les types de contraceptifs (pillules mais aussi patchs ou préservatifs). Plus de 95% des femmes pouvant devenir enceintes et ne le souhaitant pas utilisent une méthode contraceptive. Mais cela ne règle pas la question de l'accessibilité de la contraception car se pose maintenant le problème du choix de la méthode. Que ce soit à cause de critères financiers ou par manque d'informations, peu de femmes choisissent elles-mêmes leur contraception.

L’accessibilité à la contraception rencontre de nombreux obstacles

Si on peut constater un élargissement de la palette des moyens contraceptifs sur le marché, l’accessibilité financière s’est plutôt dégradée. Je regrette qu'aujourd'hui certaines femmes ou jeunes filles choississent leur contraception selon leurs moyens et non selon leurs besoins. La contraception est également fortement médicalisée et laisse peu de place au vécu social et psychique. Il est ainsi légitime de se demander si le pouvoir que les femmes ont pris sur leur corps n’est pas passé aux mains des médecins.

La non-implication des femmes dans leur contraception face au monopole du corps médical pourrait expliquer le nombre important d’échecs contraceptifs alors même que 93% des femmes françaises utilisent une méthode contraceptive (dont la pilule à 60%).

Un réel besoin de sensibilisation, d'information et d'éducation.

Cette appropriation ne peut se faire sans la mise en place de grandes campagnes d’information sur la contraception mais également des campagnes positives sur le droit à l’avortement comme
celle menée en Ile-de-France en 2008.

Toute politique en matière de contraception ou d’IVG ne peut faire l’économie en amont du développement d’actions d’éducation à la sexualité. Les réseaux féministes comme le
Planning Familial ont raison de souligner l’importance pour les filles de s’approprier ces droits mais également la nécessité de responsabiliser les garçons. La prévention doit être « partagée ».

La contraception d’urgence et ses modalités de remboursement pour les mineures sont aujourd’hui méconnues. Elle ne parvient donc pas à jouer pleinement son rôle en cas d'échec contraceptif.

Les centres de planification sont des structures adéquates pour les plus jeunes puisqu’ils garantissent confidentialité et anonymat. Cependant leur couverture territoriale est inégale et il me semble nécessaire d’encourager leur création. C’est pour cela que plus de 30 000 dépliants de poche recensant les structures, leurs missions, leur localisation et horaires d’ouverture sont distribués depuis la rentrée 2009 dans tous les équipements municipaux accueillant les jeunes.

Même si depuis la loi de 2001, l’éducation à la sexualité est devenue une obligation pour les établissements scolaires, peu se donnent les moyens de la dispenser. J’ai donc décidé de mettre en place un comité de pilotage autour de l’éducation à l’égalité et à la sexualité des jeunes parisiennes et des jeunes parisiens afin de recenser et coordonner les actions proposées par les associations dans les établissements parisiens.

L’éducation à la sexualité pour être réellement efficace doit s’accompagner d’une éducation à l’égalité car l’intériorisation des normes sur la place et le rôle des femmes dans la société reste un frein à notre autonomie.

Image : graphique tiré du
rapport de l'IGAS sur l'évaluation des politiques de prévention des grossesses non désirées et de prise en charge des interruptions volontaires de grossesse suite à la loi du 4 juillet 2001