vendredi 11 juin 2010

Une bonne idée venue d’Europe : le gender mainstreaming

La politique communautaire est particulièrement importante en matière d’égalité femmes – hommes car elle offre des bases juridiques, des méthodes de travail collectives et des outils d’intervention qui sont des leviers efficaces pour faire évoluer les politiques nationales.

Les 6 et 7 mai dernier je me suis rendue à Stockholm dans le cadre d’un séminaire de la
commission des élues du CCRE autour du thème suivant « une nouvelle stratégie européenne pour l’égalité femmes/hommes ».


Le CCRE ou Conseil des communes et régions d’Europe est une association rassemblant les associations nationales de collectivités locales et régionales européennes.
« [Il] travaille plus particulièrement, via sa commission des élues locales et régionales, à la promotion de l'égalité hommes / femmes dans les processus de prises de décision ».
Son objectif est d'améliorer la diffusion de l'information et le transfert des bonnes pratiques concernant l'égalité des chances et les collectivités territoriales, ainsi que la valorisation de la participation des femmes à la vie politique.

Lancée en mai 2006 lors des Etats Généraux du CCRE à Innsbruck, la
Charte Européenne pour l’Egalité des femmes et des hommes dans la vie locale est la continuité du projet de « ville européenne de l’égalité ». En signant cette charte, les élus locaux et régionaux s'engagent publiquement à appliquer dans leur municipalité les mesures de promotion de l’égalité des femmes et des hommes stipulées dans cette charte.
La charte bénéficie aujourd’hui de près de 1000 signataires.
La ville de Paris est signataire de cette charte depuis le 18 décembre 2007.

Le Gender Mainstreaming

Le Gender mainstreaming tel que défini dans les textes de la Commission Européenne est le fait de « ne pas limiter les efforts de promotion de l’égalité à la mise en œuvre de mesures spécifiques en faveur des femmes, mais de mobiliser explicitement en vue de l’égalité l’ensemble des actions et politiques générales en introduisant dans leur conception de façon active et visible l’attention à leurs effets possibles sur les situations respectives des femmes et des hommes ».

Cela signifie que chaque politique publique, chaque service offert aux citoyens doit intégrer la dimension du genre (différences socialement construites entre femmes et hommes) dans sa réalisation et dans ses évaluations. La politique de l’égalité ne doit pas être circonscrite au champ politique de l’égalité des chances. Cette approche intégrée ne doit néanmoins passe faire au détriment des actions spécifiques en matière d’égalité femmes / hommes. Ces deux approches sont complémentaires et doivent être appréhendées dans le cadre d’une stratégie « double ».

L’exemple Suédois.

Lors de ce séminaire,
Marie Trollvik, responsable du programme suédois pour le gender mainstreaming au sein de l’association suédoise des collectivités locales et des régions, nous a présenté le programme mis en place en suède et je dois avouer que le résultat est encourageant.
L’association suédoise des collectivités locales et des régions met en place des indicateurs relatifs à la qualité du service et des outils de certification qui attestent du traitement égalitaire des hommes et des femmes. Son action concerne des secteurs très variés : les stéréotypes véhiculés à l’école, les soins liés à la vieillesse, les retraites etc.
Il est ainsi étonnant de découvrir qu’une ambulance appelée pour un problème cardiaque met en moyenne 20 minutes de plus lorsque la victime est une femme !

Le gender mainstreaming reste certes un outil d'analyse et de déconstruction intéressant mais il ne saurait remplacer les politiques volontaristes pour lutter quotidiennement contre toutes les inégalités et discriminations que subissent les femmes.


Photo : visuel de la Charte Européenne pour l’Egalité des femmes et des hommes dans la vie locale (CCRE)